Un problème politique

Samedi 6 février 2021, par BERTRAND Joël // Pourquoi ici ?

Utilisateur de SPIP depuis sa version 1.6, j’ai créé un grand nombre de sites internet avec le plugin Multiflex. Ce plugin permet des mises en page simples et propres pour peu que l’on sache manier les feuilles de style. Plugin orphelin depuis SPIP 3.1, j’ai décidé de le reprendre et j’ai proposé des mises à jour sur la Zone pour le rendre compatible SPIP 3.2.

À la suite d’un désagrément lié à l’imposition de l’écriture inclusive qui a mis à mal un site internet d’une association durant plusieurs semaines, j’ai écrit ouvertement ce que je pensais de cette écriture sur la liste de diffusion spip-dev@rezo.net. Outre le fait que cette écriture est inepte surtout avec son point médian et n’a jamais rien apporté à la cause féministe, l’adoption obligatoire de cette écriture — elle est venue automatiquement lors d’une mise à jour d’un plugin de base avec des fichiers de langue à l’insu de l’utilisateur final et sans lui demander son avis — pose un paquet de problèmes à des terminaux particuliers comme les terminaux Braille. Sans compter que dans ce cas précis, l’écriture inclusive qui exclut les aveugles et mal-voyants n’est pas très inclusive.

J’ai reçu par des gens bien sous tous rapports, sans doute bien pensants, des tombereaux d’insultes. J’y ai appris que SPIP était un projet politique, qu’il n’était même que cela. J’en suis fort aise, mais si SPIP était un projet politique, il faut l’inscrire en gros sur toutes les pages du projet. Et il faut surtout bien faire comprendre aux utilisateurs potentiels que ce qui fonctionnait un jour pourrait très bien ne plus fonctionner le lendemain en raison d’une décision politique résultant d’un militantisme mal placé. Lorsque le militantisme prend le pas sur la technique, l’échec n’est jamais très loin.

À la suite de cela, il me fut impossible d’envoyer des messages sur les listes spip@rezo.net et spip-dev@rezo.net. Il ne s’agit pas à proprement parler de censure, je n’imagine pas un seul instant une personne affectée à la tâche de lire ce que je pourrais y écrire, mais de modération a priori et définitive de ce que je pouvais poster. Je n’ai pas apprécié de ne pas en avoir été avisé.

J’avoue que cela ne me dérange pas plus que cela, cela fait plus de quinze ans que je me bats avec les différents bogues plus ou moins sérieux de SPIP. Si les développeurs ne veulent pas que je leur en remonte ou que je leur propose des correctifs, ce n’est pas un problème pour moi. Qu’ils sachent simplement qu’il y a plusieurs problèmes importants dans le sélecteur d’articles du plugin Saisies, deux ou trois problèmes de sécurité dans le cœur de SPIP et des comportements erratiques du noyau.

J’ai fini par obtenir à nouveau la permission de poster sur spip-dev@rezo.net sans modération. Mais pas sur spip@rezo.net. Pourquoi ? Je ne le saurai jamais. J’ai obtenu la réouverture d’un compte sur le dépôt git officiel, mais pour cela, on me demande d’approuver la charte de SPIP. Notez bien que je n’avais déjà fait par le passé lorsque j’avais un compte sur l’ancien SVN.

J’ai donc approuvé cette charte telle qu’elle était écrite. En particulier et pour fixer les idées, je cite intégralement ce que « pontes » de SPIP ont voulu que j’approuve explicitement :

Cela implique, entre autres, un effort pour internationaliser ses contributions, veiller à ce que le langage, le comportement et le fonctionnement choisis soient ouverts et accueillants, empathiques, non-sexistes, non-racistes et qu’une priorité soit accordée aux besoins associatifs et collectifs sur les besoins marchands.

Cette formulation ne me pose strictement aucun problème. Ce qui me pose problème, en revanche, c’est la lecture surinterprétée qui aboutit à l’imposition de l’écriture inclusive.

Comme visiblement, cela ne leur allait pas, je fus sommé par deux fois dans les quinze jours qui ont suivi mon approbation initiale de l’approuver à nouveau sous peine de voir mes accès fermés. Je leur fis la même réponse, à savoir que je l’approuvais dans ses termes, mais que ses termes n’impliquent pas une telle écriture. Ils sont donc revenus à la charge pour m’indiquer d’approuver explicitement l’utilisation de cette écriture, en me disant que le maintien de mon compte git était conditionné à une telle déclaration. Ces ayatollahs sont très forts. Non seulement ils surinterprètent une charte pour y voir ce qu’ils veulent bien y voir, mais ils refusent d’assumer leurs décisions en les reportant sur autrui. Cela, je le refuse, la balle est dans leur camp. Telle qu’elle est écrite, j’approuve cette charte sans réserve. En revanche, s’ils la surinterprètent, je n’y adhèrerai pas. Libre à eux d’amender cette charte s’ils le désirent pour ne pas rester au milieu de gué. Mais en aucun cas je ne prendrai cette décision à leur place.

Une autre chose est sûre, je ne m’abaisserai pas à quémander à ces gens tous les quinze jours la permission de perdre du temps pour maintenir un plugin pour eux. Ce plugin sera donc maintenu ici. Il le sera tant que j’en aurai l’utilité et surtout tant que je ne serai pas fatigué de contourner tous les problèmes internes de SPIP. Je continue à utiliser SPIP uniquement parce que j’ai investi énormément de temps pour en comprendre le fonctionnement, avouons-le, pas toujours très clair. J’avoue que si c’était à refaire, je me tournerais sans doute vers un outil un peu mieux documenté et avec un comportement plus prévisible.